Cher Monsieur Génier,

Tout d’abord, vous pourriez vous épargner des efforts en achetant directement de la résine hydrosoluble diméthyle hydantoïne formaldéhyde chez Entomopraxis, à Barcelone. Ils la vendent en solution aqueuse à 75 % prête à l’emploi. Voyez par exemple leur site web : https://entomopraxis.com/tienda/es/montaje-de-preparaciones/263-dmhf-250-ml-sin-dispensador.html?search_query=DMHF&results=11 . Ils vendent du DMHF de 15 ml à 1 l.

C’est un bon fournisseur, une compagnie sérieuse. Entomopraxis est le seul et dernier fournisseur de DMHF. Lors de ma visite chez eux à Barcelone il y a 2 ans, ils m’ont dit qu’ils ont acheté un baril de cette solution de DMHF à son fabriquant, la compagnie Lonza, seul fabriquant alors aux Etats-Unis, qui le commercialisait sous le nom de Dantoin 739. Lonza ne fabrique plus ce produit et lorsque le stock d’Entomopraxis sera épuisé, il n’y aura plus de fournisseur de DMHF. Cette résine synthétique était un ingrédient ancien des laques pour cheveux, synthétisé pour la première fois en 1936. Il permettait des coiffures hautes et rigides, « big hair » typiques des années 50-60. L’Oréal l’utilisait encore dans les années 80, mais il a été abandonné depuis au profit de copolymères plus performants, qui donnent une allure plus souple aux coiffures.

Si vous mélangez du 5,5-diméthylhydantoïne avec du formol à 37 %, vous n’obtiendrez pas de DMHF, car le DMHF n’est pas un simple mélange de ces deux composés, mais un polymère. Il faut donc les polymériser. Le mélange que vous avez fait ne donne rien à température ambiante, mais si l’on chauffe ces deux produits en quantités équimolaires sans dépasser 60°C pendant 30 mn, vous obtiendrez du 3-méthylol 5,5-diméthylhydantoïne. Il est possible de cristalliser ce produit. Ensuite, si l’on soumet les cristaux de monométhylol diméthylhydantoïne à un chauffage à sec pendant 4 h à 143°C en présence d’un catalyseur acide, comme du chlorure d’ammonium ou de l’acide chlorhydrique, on obtient du DMHF (cf. J.W. Ridsdale, British Patent 564 424, March 12, 1943, Du Pont de Nemours Co.). C’est l’une des manières de produire du DMHF.

La synthèse d’origine du DMHF a été faite par le chimiste Ralph Albert Jacobson, de chez Du Pont de Nemours (US Patent 2 155 863, April 29, 1936), qui travaillait dans leur laboratoire de Wilmington, Delaware, sous la direction du célèbre Wallace H. Carothers, l’inventeur du nylon, découvert un an plus tôt. Il a préparé le DMHF en mélangeant 640 g de 5,5-diméthylhydantoïne, 1500 g de formol à 37 % , 4 g de soude, et a fait chauffer le tout dans un ballon surmonté d’une colonne réfrigérante à reflux pendant 1 à 3 heures. Puis il a ajouté 20 ml d’acide acétique et a chauffé le tout à 100°C en permettant à l’eau et au formaldéhyde en excès de s’évaporer, jusqu’à obtenir une consistance épaisse. Si l’eau continue à s’évaporer on obtient la résine DMHF solide.

En 1948, un autre chimiste de Du Pont, Albert F. Chadwick, a amélioré la synthèse du DMHF en utilisant un sel tampon alcalin (acétate de sodium, acétate de potassium, borax, etc.) au lieu de la soude, et en injectant de l’air au moment de la condensation à chaud afin de favoriser l’élimination de l’eau et du formaldéhyde en excès (US Patent 2 532 278, April 24, 1948).

Le problème de cette synthèse est l’emploi de formol à chaud. C’est un produit cancérigène et très désagréable. Il faut travailler dans une hotte. S’il y a un département de chimie dans votre institution, ou dans une université voisine, cette synthèse pourrait peut-être constituer un exercice pour un étudiant en chimie, tout en vous approvisionnant en DMHF…

Plutôt que de partir du 5,5-diméthylhydantoïne, il semble plus simple de partir du 3-méthylol 5,5-diméthylhydantoïne (vendu par Alfa Aesar et Sigma Aldrich) et de le chauffer à sec avec du chlorure d’ammonium pour essayer d’obtenir du DMHF en petite quantité. Cela évite d’avoir à chauffer du formol et çà semble plus simple pour un non chimiste. Cette synthèse est peut-être réalisable dans un four à micro-ondes, comme cela a été proposé pour la synthèses de dérivés de l’hydantoïne. J’ai l’intention d’essayer cette méthode.

Mais la solution à l'avenir serait peut-être de se tourner vers des copolymères plus récents pour les laques pour cheveux, comme le PVP-VA, méthacrylate-acide crotonique, etc., qui sont aussi des résines hydrosolubles qui sont peut-être disponibles auprès des industriels.

J’espère avoir répondu à votre question.

Bien cordialement vôtre.

Dr Franck Bameul.

[email protected]

Cher Monsieur Bameul,

Vous avez bien sûr très bien et complètement répondu à ma question et je vous en remercie grandement. Je suis votre suggestion d'épargner mes efforts et j'ai commandé une quantité suffisante de résine chez Entomopraxis qui devrait me permettre de disséquer des édéages pendant encore quelques années.

Quand mon stock de deux litres sera épuisé, je tenterai la synthèse ici dans mon laboratoire où il y a une hotte pour évacuer les vapeurs de formol, qui comme vous l'avez indiqué sont plutôt à éviter.

Si vous avez du succès avec la synthèse à sec à partir du 3-méthylol 5,5-diméthylhydantoïne faites-le-moi savoir.

Meilleures salutations, François

Cher collègues,

Je rencontre personnellement des difficultés liées à l'utilisation du DMHF vendu par Entomopraxis...mes gouttes se flétrissent au séchage et les édéages ne sont plus visibles...j'ai beau lisser les gouttes avec un pinceau humide, en séchant elles se flétrissent systématiquement, sur tout type de paillette...

De fait, aujourd'hui, je me tourne plus vers l'Euparal (qui a l’avantage d'éclaircir les pièces génitales et évite ainsi les traitement à la potasse) ou l'option copolymères hydrosolubles indiquée par F. Bameul...

Un collègue Staphyliniste de Belgique (Tim Struyve) fabrique lui même le PVP et le vend en petite quantité à un prix très abordable.

La fabrication semble bien plus simple à mettre en œuvre.

Extrait :

"PVP: polyvinylpyrrolidon, pas toxique et solvable en eau qui le fait très simple. Vous pouvez y mettre les parties génitales fraîchement préparées et donc humides.

La recette est la suivante (en% en poids):

- 50% d’eau - comme solvant

- 40% de polyvinylpyrrolidone (PVP) Molgew. 25 000 - l’agent d’intégration réel.

- 5% de glycérine - en tant que plastifiant

- 5% de sorbitol - est hygroscopique et régule la teneur en eau (disponible en pharmacie ou en pharmacie comme substitut du sucre pour les diabétiques)

Préparation: Dissoudre la poudre de PVP dans de l'eau en agitant vigoureusement; seulement après ajoutez la glycérine et le sorbitol. Les bulles d'air qui entrent avec l'agitation puissante disparaissent automatiquement après un jour ou deux. Pour prévenir les moisissures, par exemple, vous pouvez ajouter 0,3% de thymol, mais cela pue énormément et je ne le fais pas et je n’ai jamais eu de moisissure.

S'il y a trop d'eau dans la solution, des fissures apparaissent souvent dans le PVP après séchage sur le carton. Trop d'eau disparaît en laissant le pot ouvert, pas assez d'eau: on le peut simplement ajouter."

Espérant que chacun trouve sa solution...

Cordialement,

Cédric Alonso

Cher collègue,

Pour donner suite à votre message, j'ai fait un test avec la résine reçue d'Entomopraxis. J'utilise encore ce qu'il me reste du dernier lot acheter en Angleterre il y a assez longtemps. En effet, comme vous le mentionnez, elle ne sèche pas de façon adéquate. Elle doit être solubilisée dans de l'eau et non pas dans de l'alcool. Je vais faire quelques tests et vous tiens au courant.

Bien cordialement,

François

Cher M. Alonzo,

Il semble qu'ajouter un peu d'alcool étylique (70%) à la solution résout le problème de séchage.

Meilleurs salutations,

François

Excellent!

Merci beaucoup.

Je croyais que Serva Includal DMHF pourrait etre une alternative, mais j'ai juste confirmé que ce produit a disparu de leur site web. C'est desormais possible qu'il y ait encore des stocks de Serva Includal DMHF quelque part. Malheureusement, ce n'est qu'une solution de ~150g/l donc il faut normalement evaporer le solvant avant de l'utiliser.